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(Photo R.D) |
Saviez-vous que la place Garibaldi s'est appelée Pairolière, Napoléon...
ou encore qu'elle est la copie exacte de la porta Nuova de Turin ?
Roberte Dallo, passionnée
d'architecture, présidente de l'association niçoise Gloria Mansion, nous
propose de plonger dans l'histoire de ce lieu. Une place qui a retrouvé
son aspect d'origine avec les trompe-l'oeil en façade.
"C'est Victor-Amédée III (1773-1796),
roi de Piémont-Sardaigne, qui rend carrossable la route de Nice à Turin
(1784), dans un souci de développement des communications terrestres.
L’ouverture de la route royale s’accompagne de la création d’une place
royale, la piazza Victoria.
Les plans, établis par Antonio Spinelli
architecte du roi, sont fidèles au modèle turinois.
Elle prend les noms successifs de place Pairolière (1782), Victor
(1784), République (1792), Napoléon (1804), Victor (1814), Napoléon
(1860) et enfin Garibaldi (1871) !
Commencée en 1780 et terminée en 1792,
elle semble être entièrement minérale et vide. Le dessin adopté est
celui d’une place rectangulaire à portique. Rectangulaire afin de
pouvoir faire converger la rue Pairolière, les voies du port et la route
de Turin ( avenue de la République aujourd'hui) vers le centre de la
place.
La construction des portiques est
obligatoire, mais la propriété demeure aux particuliers propriétaires
des immeubles, la Ville ne jouissant que d’une servitude de passage
public.
Une porte clôt la place au nord
(approximativement au carrefour de l’avenue de la République et de la
rue Barla) dans l’axe de la route de Turin.
Elle a la forme d’une porte de ville forte et reprend en même temps l’aspect d’un arc de triomphe.
Elle est la copie exacte de la porta
Nuova de Turin située à l’arrivée dans la capitale de la route de Nice à
200 km de distance, les deux portes créent donc un effet miroir typique
de l’esprit baroque. La porte fut détruite en 1848 car considérée comme
trop étroite.
Chapelle du Saint-Sépulcre en point d'orgue
La chapelle du Saint Sépulcre (Pénitents
bleus), construite de 1782 à 1784, est le bâtiment signal
caractéristique des places turinoises (comme les églises jumelles de la
place San Carlo). Elle est placée dans l’axe de la route de Turin, ce
qui lui confère une certaine solennité accentuée par la longue
perspective rectiligne de la route (avenue de la République) et brise la
monotonie de la place en en faisant son point d’orgue.
Dès 1782, il était question de doter
l’étage d’un balcon (tribune officielle) mais celui-ci ne fut autorisé
qu’en 1850, ce qui explique son style. Le Consiglio d’Ornato, en effet,
ne souhaitait pas déroger au refus qu’il opposait aux autres
propriétaires de la place, désireux, d’ouvrir aussi des balcons.
Le changement dans la continuité : les décors peints
Attesté par la toile de Cignoli de 1782
mais également par les nombreuses aquarelles et lithographies du début
du XIXe siècle (Roassal, Guiaud, Fricero, Lucas) et par les premières
photographies vers 1865 jusqu’en 1910 (Walbourg de Bray, Negre,
Giletta), les décors en trompe l’oeil reprennent les décors en relief
des bâtiments turinois en les adaptant à la mode génoise (plus en
vigueur à Nice).
Les façades étaient relevées de motifs
architecturaux peints en trompe l’oeil autour des ouvertures imitant des
pilastres d’encadrement supportant des frontons alternativement
curvilignes ou triangulaires.
Seuls les angles des bâtiments étaient renforcés de longs pilastres sans chapiteaux.
La restauration des façades a permis de transformer la place Garibladi.
La re-création de décors peints, comme
la restitution des enduits à la chaux traditionnels et des menuiseries
en bois ou encore des petits carreaux des fenêtres, selon le modèle
XVIIIe, a permis, dans un bouleversement intense, de retrouver la place
d’origine.
Il fallait que tout change pour que rien de change comme l’a dit Giuseppe Tomasi Lampedusa."